Fernand Hugoniot : 1 an après le déménagement, le fabricant de pinces sur mesure s’ouvre à de nouveaux marchés
Publié le 19 sept. 2025, Modifié le 19 sept. 2025 - Écrit par Tiphaine Ruppert-Abbadi
La vie de Fernand Hugoniot, fabricant de pinces et d’outillage à main sur mesure, s’est écrite, depuis sa création en 1949 à Montécheroux (25), ancienne capitale de la pince, en plusieurs pages. La dernière l’a été l’an passé, avec la construction d’un nouveau bâtiment au Russey (25), en face de la société de mécanique de précision Feuvrier. Il avait alors bénéficié d’une subvention de 130 000 € du Feder et de 5 400 € de la communauté de communes, pour un investissement total de 850 000 €.
Un an après l’emménagement, quel est le bilan ? "Nous sommes enfin chez nous, même si les étapes précédentes ont été enrichissantes ! Ce bâtiment a été pensé en fonction de l’implantation machines et du confort. Avec 610 m2 pour 6 personnes, nous ne sommes pas restreints en termes de place. Je suis content de ce qui est sorti de terre car tout y est vraiment adapté à nos besoins. Et si l’on souhaite investir davantage, c’est possible, car il reste du terrain", se réjouit a posteriori Paul Petit, à la tête de Fernand Hugoniot (FH) depuis 8 ans. De la place, l’expert de la pince à main spécifique en a besoin. D’autant qu’il usine aussi des pièces standards sur plan et est aussi sous-traitant en gravage, brunissage, polissage et autres opérations de parachèvement.
Le bâtiment accueille ainsi 6 polissoirs, 1 grenailleuse, 1 graveur laser, 1 plieuse, 1 poste à soudage, un local de brunissage et une vingtaine de machines traditionnelles, toujours en activité malgré le tournant pris vers l’automatisation en 2020, comme en témoignent les 2 fraiseuses à commande numérique Haas et Mazak. "C’est un gain de temps, d’énergie et donc de chiffre d’affaires (800 000 € en 2024). Cela nous permet aussi de nous ouvrir à d’autres marchés."
Précision jusqu’au 5/100e
L’entreprise, dotée d’un bureau d’étude, est encore l’une des rares en France à fabriquer de A à Z des pinces superposées qui collent exactement au besoin du client, en général de petite dimension (25 cm maximum) et en petites séries. "Que le client veuille une branche polie, une gaine confort, une goupille, un ressort… Notre force est de nous adapter entièrement. Nous offrons une précision jusqu’à 0,05 mm."
Les best-sellers de FH ? D’une part, la pince à plomber pour les extincteurs à incendie d’une part et, d’autre part, la petite pince pour l’électronique Facom (dont FH s’avère le seul fournisseur), déclinée en 7 références, pour une production de 700 à 1 500 pièces par mois qui sortent des ateliers prêtes à être commercialisées.
Pour autant, les compétences de l’entreprise s’expriment bien au-delà : pinces à couper les joints de fenêtres, à encocher les essuie-glaces de trains, à fermer les reliures de livres ou les tubes de dentifrice… "Je viens de développer une pince pour déconnecter les Vélib’ à Paris. Pour Hermès Horlogerie, nous avions créé un set pour percer les bracelets de montres. La valisette comprenait 1 pince, 7 références de mors interchangeables dotés de 3 goupilles et d’1 poinçon. Elle a été distribuée dans toutes les boutiques Hermès du monde. On touche une clientèle très large car on a toujours besoin d’un outillage à main."
Depuis peu, le secteur médical vient s’ajouter à ceux du luxe, de l’automobile, de l’horlogerie ou encore de l’électronique. Pour ce marché, FH a notamment adapté un coupe-ongle inox déjà existant via des opérations de réaffutage, repolissage, réusinage. Le dirigeant s’intéresse également de près au "beau marché" de l’orthodontie que le "savoir-satisfaire" mis en avant par Paul Petit devrait séduire.