Industrie

Grâce à I-NanoT et à son consortium, SON SAS travaille à l’émergence d’une filière de nanomédecine en Bourgogne Franche-Comté

Publié le 17 nov. 2025, Modifié le 17 nov. 2025 - Écrit par Tiphaine Ruppert-Abbadi

Le nouveau défi relevé par SON SAS (Bretenière – 21) s’appelle i-NanoT. Le projet, financé entre autres par le Conseil régional et l’Union européenne dans le cadre du Feder-FSE à hauteur de 15 M€ (sur un total de 18 M€), a pour ambition de développer une filière complète de nanomédecine dans la région, afin de diagnostiquer et traiter certaines pathologies ciblées (oncologie, infectiologie et maladies inflammatoires notamment).

Le concepteur-fabricant de nanoparticules monofonctionnelles ou multifonctionnelles de haute précision, standardisées ou sur mesure, n’est pas parti seul : il fait partie d’un conséquent consortium public-privé1 piloté par le Laboratoire interdisciplinaire Carnot de Bourgogne (ICB). Pendant 3 ans, les différents acteurs auront pour mission d’identifier, caractériser et évaluer les nanoparticules qui pourraient être utilisées comme nanovecteurs théranostiques. "Nous examinerons la facilité de production, la scalabilité, les effets thérapeutiques et toxiques, la facilité d’injection à l’Homme", énumère Jérémy Paris, fondateur et CEO de SON SAS. À l’issue du projet, "1 à 2 candidats ressortiront. Nous n’aurons pas de nanomédicament abouti, nous en serons au stade pré-clinique sur petit animal".

Efficacité et scalabilité

Une vingtaine de nanoparticules sont déjà synthétisées chez tous les partenaires du projet, 5 à un stade assez avancé. Les nanoparticules d’or, à base de fer ou de silice, dites inorganiques, présentent l’avantage de pouvoir être produites à grande échelle et d’avoir une surface fonctionnalisable. Les nanoparticules organiques comme les liposomes et les VLP (virus like particule) possèdent, de leur côté, une meilleure biocompatibilité. Elles sont en revanche difficiles à produire.

Et ce n’est pas l’un des moindres aspects, car le consortium devra structurer l’ensemble du processus de production, de l’entrée de chaîne au lot final, en passant par les procédés de contrôle, et assurer la reproductibilité de ces particules ultrafines. "L’objectif est d’atteindre 1 kilo/jour contre 200 g actuellement au sein des laboratoires. Elles seront fabriquées en continu tout au long du projet, jusqu’en 2028, grâce à des procédés faiblement énergivores, optimisés pour réduire au maximum les consommations de solvants, d’énergie et la génération de déchets. Une phase de scale-up industriel est prévue en 2027, afin de passer d’une production en laboratoire pilote à une capacité préindustrielle."

Le financement Feder permettra de créer une centaine d’emplois (techniciens, ingénieurs, doctorants, post-docs, personnels de soutien R&D, etc.) au sein des structures partenaires, toutes en cours de recrutement, et d’investir dans de nouveaux équipements. Notamment, "un microscope électronique en transmission, d’une valeur de 3 M€, nécessaire pour les analyses cristallographiques et, d’un point de vue biologique, pour mesurer la concentration des nanoparticules et leur effet au contact de cellules vivantes, afin de prévoir la biodistribution."

Le dessein d’i-NanoT est cependant encore plus vaste : il s’agit d’imposer la région comme La référence française – un hub – en matière de nanomatériaux de haute technologie. "Il n’y a pas de filière de nanomédecine en France. Actuellement, les grands acteurs nano sont la Chine, la Turquie et les USA. On s’aperçoit au niveau national et Européen que cette lacune est critique pour notre souveraineté. Le consortium a été pensé pour que toute cette production à très forte valeur ajoutée, comparable en ordre de grandeur à celle des biothérapies, secteur lui aussi stratégique pour notre région, soit réalisée en BFC. Notre objectif est que tout porteur d’un projet impliquant des nanomatériaux, quel qu’en soit le stade de développement, se tournent vers notre territoire."

1.       CHU de Dijon, CGFL – Centre Georges-François Leclerc, CTM – Laboratoire Lipides Nutrition Cancer, Delpharm, ICMUB – Institut de Chimie Moléculaire de l’Université de Bourgogne, Institut FEMTO-ST, Laboratoire Chrono-Environnement, RIGHT – Institut Interactions Hôte-Greffon-Tumeur & Ingénierie Cellulaire et Génique, SATT SAYENS – Cellule de valorisation, Technopole Santenov, VIVEXIA.


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