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Salon du Bourget : quelles retombées, 3 mois après, pour les industriels de Bourgogne Franche-Comté ?

Publié le 07 oct. 2025, Modifié le 07 oct. 2025 - Écrit par Tiphaine Ruppert-Abbadi

La 55e édition du Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget s’est déroulée du 16 au 22 juin dernier. Avec 2 419 exposants et 141 000 visiteurs professionnels, sans compter le grand public, l’investissement a-t-il été à la hauteur des espérances des entreprises de Bourgogne Franche-Comté participantes ?

La société MPH-Mécanique (89), rachetée en mai dernier, participait pour la 1re fois. Une évidence pour ce sous-traitant en usinage, tournage et assemblages complexes de rang 1 pour la défense, souhaitant faire progresser la part de son activité dédiée à ce secteur et à celui de l’aéronautique. L’entreprise fabrique des ensembles complets et pièces de rechange pour des dispositifs de réglage de train d’atterrissage, dépose voilure, maintien d’aéronef par gros temps, ou encore de remplissage du système de refroidissement du radar de l’aéronef. "Nous sommes un petit acteur mais avions un grand intérêt à y être. Nous souhaitons montrer aux prospects/clients et aux autres acteurs de l’écosystème régional, notre volonté de grandir. Le salon est une porte d’entrée. Nous avons déjà pu répondre à un appel d’offres et en attendons encore plusieurs", déclare Julien Platel, le dirigeant.

Le président du Groupe STSI (25), dont les pièces en aluminium, PEEK, inox, Invar ou Kovar, s’étendent de la micro-vis au palier, en passant par la structure usinée, sort lui aussi satisfait de sa participation. La 1re avec la norme EN 9100, sésame pour pénétrer le marché de l’aéronautique. "Nous avons bénéficié d’une très bonne visibilité sur le stand collectif BFC/CCI et PMT. Nous avons été consultés, pris des contacts, des négociations sont en cours. C’est très prometteur", se réjouit Dimitri Fournier. Et d’ajouter : "Nous avons pu constater tout l’intérêt de notre offre en décolletage-fraisage et même en métrologie. Tous nos savoir-faire sont valorisables".

Beaucoup de contacts aussi pour Polis Précis (25), qui usine des turbines, posages, outils pour la production et le contrôle, boitiers, pièces complexes pour les drones ou encore châssis de satellites. L’expert en matériaux exigeants (carbure, tungstène, céramique, inconel, acier, aluminium…) s’est tourné vers le marché de l’aéronautique en 2023, après l’obtention de sa certification EN 9100. "Cinq belles commandes, destinées à de nouveaux clients, sont en cours et augurent des collaborations de long terme. La certification est vraiment un plus", constate Brice Grundisch, directeur. Il voit le salon du Bourget comme un accélérateur. Il note aussi un regain de dynamisme par rapports aux années post-covid : "Le rythme s’accélère ! Pour notre deuxième participation, nous faisons désormais de ce salon un rendez-vous stratégique. Il accompagne nos choix d’investissement, notamment l’acquisition prochaine d’une machine 7 axes d’usinage de haute précision équipée d’un ravitailleur, afin de répondre aux exigences des nouveaux marchés".

 "Notre stratégie d’intégration verticale intéresse beaucoup les clients", constate avec satisfaction Fabien Foulon, responsable commercial de Curtil (39), dont l’aéronautique représente 80% du chiffre d’affaires. L’entreprise, qui appartient au groupe Mecapole, usine entre autres, des pièces critiques pour hélicoptères et des sous-ensembles pour turbines d’hélicoptères et avion, mais aussi des blocs hydrauliques haute pression pour des commandes de vol. Dans son escarcelle, quelques nouveaux noms, mais surtout d’anciens clients qui souhaitent développer des produits d’une plus grande technicité. "Cela implique d’embaucher pour renforcer le niveau technique de nos effectifs, sur l’usinage, mais aussi sur les opérations de réglage.  Nous avons d’ailleurs tenté de recruter sur le salon, mais le Jura est loin… Difficile d’attirer des candidats. » Pas de quoi assombrir le tableau d’une édition 2025 qui se révèle, pour Fabien Foulon, comme l’une des meilleures "avec un niveau d’activité supérieur à celui d’avant-Covid".

De son côté, Stainless (25), distributeur et stockiste d’alliages métalliques de haute performance, est revenu du SIAE avec une trentaine de nouveaux contacts, dont plusieurs à l’international. "Notre filiale allemande, spécialisée dans les alliages inoxydables et les services de découpe de blocs, complète parfaitement notre activité en France. Cette dernière couvre les alliages cuivreux et d’alliages spéciaux et est déjà certifiée EN 9120. Notre filiale allemande obtiendra cette certification en janvier 2026. Mettre en avant cette complémentarité a été très bien accueilli. Les clients de l’aéronautique cherchent de plus en plus à s’appuyer sur des partenaires capables d’offrir une gamme complète de prestations", souligne Samira Helle. La responsable de la communication évoque elle aussi une édition particulièrement réussie.

Pour Joël Duprat, directeur des pôles Usine du futur et Aéronautique au sein du groupe Galilé (71), s’est révélé très positif. Le groupe était présent sur le SIAE avec 2 de ses 37 filiales Ma Industrie et Corvaisier. Pour une 1re participation, le salon a permis "de se rendre compte du besoin des clients, mais aussi de voir que nous étions pertinents. Cela conforte notre stratégie de développement". Depuis la tenue de l’événement, la société, spécialisée dans la fabrication de moules et l'usinage de pièces avionables et a acquis une nouvelle machine grâce aux contacts rencontrés.

Avec environ 5 rendez-vous par jour, Pierre Roussel, dirigeant de Roussel Frères Précision Mécanique (RFPM, dans le 70), s’estime plus que satisfait. "De nombreux rendez-vous concernaient des projets en cours et cela a permis une concrétisation plus rapide. Cependant, j’ai aussi rencontré des personnes qui avaient de réels besoins en sous-traitance, soit parce que l’avenir de leurs fournisseurs actuels paraît incertain, soit parce qu’ils n’investissent plus assez. Or, les gros donneurs d’ordre cherchent des collaborations pérennes." L’entreprise qui fabrique des pièces pour les moteurs d’avions civils et militaires, mais aussi des pièces de défense embarquées (militaire), des trains d’atterrissage (civil) et, dans le domaine spatial, des pièces de moteurs de satellites, est également spécialisée dans la rectification en passe profonde. Pierre Roussel souligne aussi l’intérêt d’être intégré au stand régional : "Même si la région est surtout identifiée pour les microtechniques et que nous avons besoin de faire connaître nos autres savoir-faire, cela nous apporte plus de prestance et de visibilité ".

 

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