25 ans et toujours la fibre sociale pour le groupe de maroquinerie SIS

Un quart de siècle, un savoir-faire intact et une dynamique loin de s’essouffler.

Pour le groupe SIS, historiquement implanté à Avoudrey dans le Doubs et spécialisé dans la maroquinerie de luxe, 2023 est une année à part. Elle vient souligner une chronologie faite de singularités, inscrites dans l’ADN du maroquinier franc-comtois. SIS doit sa création à une soixantaine de salariés qui décident, en 1998, de reprendre l’outil productif de Supercuir. Le fabricant de bracelets de montres, lâché par son principal client, est contraint de déposer le bilan. Le collectif investit sa prime de licenciement, réoriente la production vers la maroquinerie (80 % de l’activité actuelle) et parvient ainsi à conserver deux des clients originels, à ce jour les principaux. Un pari gagnant : le groupe compte aujourd’hui 1 200 salariés et cinq sites de production dans la région. À Avoudrey, perdure l’élaboration des bracelets de montres et la gainerie. La maroquinerie est transférée à Valdahon (2011) et Étalans (2018). Mais SIS, c’est aussi une plateforme logistique (2009), l’entité MDA (2018), fruit d’un partenariat avec le maroquinier Belge Delvaux, et la création de la société MDL à Vaivre-et-Montoille, près de Vesoul (2019), dédiée à la fabrication de sous-ensembles en sous-traitance. L’entreprise a également su élargir ses pratiques, en travaillant notamment des matières de substitution, couramment appelés "cuirs végétaux", à base d’ananas ou de palmier, pour répondre à la demande de certains clients. Le cuir bovin, dont les curseurs de qualité et de traçabilité sont constamment repoussés, demeure son cœur de métier.

Si, en 25 ans, les technologies sont restées les mêmes, le savoir-faire reposant sur le travail manuel des ouvriers, les conditions d’exercice, elles, évoluent. Et la dimension sociale s’avère être l’une des caractéristiques structurantes de SIS. Les effectifs étant majoritairement composés de femmes, le groupe s’est doté de crèches, en plus de restaurants. "Les prochains défis qui nous attendent sont humains, car nous sommes toujours en croissance" explique-t-on chez SIS. Le pilotage des compétences et la fidélisation des employés se révèlent des enjeux forts pour l’avenir. Le groupe entend y faire face grâce à la création de la SIS Académie, dans le prolongement de son École de maroquinerie (EMA), et au passage à la semaine de 4 jours et à la mise en place de RTT dès septembre, "pour ceux qui le souhaitent et si le profil de poste le permet". Des horaires plus flexibles, avec un créneau d’embauche étendu jusqu’à 8h30" afin de répondre aux problématiques de mobilité ou de garde d’enfants", doivent être instaurés. Symboliquement, l’entreprise prévoit aussi de récompenser les employés justifiant d’au moins 5 ans d’ancienneté. "Aujourd’hui, ce n’est pas rien dans l’industrie. Nous voulons leur faire prendre conscience qu’ils ont un vrai métier, avec du sens, et un savoir-faire précieux pour l’entreprise."