Ardec Industries : se diversifier pour contrer la chute du moteur thermique
Publié le 03 déc. 2024 - Écrit par Tiphaine Ruppert-AbbadiArdec Industries (39) est un groupe en mouvement. Présent dans la transformation des inox depuis 2005 en Bourgogne-Franche-Comté, mais aussi en Nouvelle-Aquitaine, il vient encore de renforcer sa capacité en intégrant, début octobre, une 7ème entreprise : M2GN, usineur de précision près de Lons-le-Saunier. "Le premier objectif était de compléter nos process. Les clients sont en demande de prototypes, petites séries, voire de pièces unitaires sur lesquels nous n’étions pas compétitifs. Désormais nous pourront leur répondre favorablement", se réjouit Stéphane Lucas, président d’Ardec Industries. M2GN, 2 M€ de chiffre d’affaires, compte une vingtaine d’employés et autant de machines, dont un centre d’usinage à commande numérique 5 axes Mazak et une fraiseuse DMG Mori, dotée d’une table de 2,6 m de long.
Pour le groupe jurassien, qui compte 250 employés dont 205 dans la région, il s’agit aussi de poursuivre la diversification de l’activité, encore largement tirée par le moteur thermique. Ce dernier représente 40% du chiffre d’affaires global (qui s’élevait à 40 M€ en 2024). Cette opération de croissance externe a pour but d’en réduire le poids. M2GN, elle, réalise 50% de son CA dans l’aéronautique. "La plupart des donneurs d’ordre dans ce secteur sont en recherche de capacité. Par ailleurs, certains clients de M2GN, tel le groupe SKF (qui fabrique notamment des roulements), pourraient être intéressés par notre logique de groupe." L’entreprise travaille aussi pour les secteurs de l’emballage et de l’agro-alimentaire, dont le groupe Bel.
Cette diversification passe aussi par le développement des moyens existants, comme ceux de l’entreprise Précijura. Spécialisée dans le décolletage et l'usinage de pièces techniques de précision, elle double sa surface productive de décolletage (1/3 de l’activité), soit 800 m² supplémentaires. L’extension devrait être livrée mi-décembre. Le projet résulte d’engagements de long terme de la part de donneurs d’ordre de la filière aéronautique-spatiale-défense (ASD), "un secteur sous forte tension, dont la supply chain a été très endommagée par la crise du covid. Les entreprises ont du mal à trouver des composants". Cette nouvelle surface permettra également d’optimiser l’espace et la production pour gagner en efficience, comme devrait en outre le permettre le projet mené autour de l’intelligence artificielle. La structure a également été pensée pour recevoir des panneaux photovoltaïques et assurer 15% de la consommation électrique moyenne de l’usine.
La société Décolletage Jurassien, qui produit de la très grande série, n’est pas en reste. Elle vient d’acquérir sa 20ème machine multibroche, un virage pris il y a près de 15 ans. L’achat a été soutenu dans le cadre de France 2030 et s’inscrit dans un plan d’investissement cadencé de 1 à 2 machines par an. "Nous produisons beaucoup de pièces supports de sonde, très utilisées dans les moteurs thermiques. Là aussi, nous avons besoin de trouver des alternatives. Nous travaillons déjà avec la cosmétique, l’hydraulique ou le bâtiment, mais ce que l’on vise surtout, c’est le transport de fluides : agro-alimentaire, chimie, nucléaire… tout ce qui comporte des vannes avec des pièces en inox". Une marque de fabrique, qui représente 70% du CA de Décolletage jurassien.
Avec ces 3 projets, qui interviennent après l’extension de la filiale Meca-Forging, Stéphane Lucas réaffirme une stratégie claire : pérenniser l’activité au-delà du moteur thermique et limiter les effets de "sa chute inéluctable" passe par l’investissement. En 2024, 20% du chiffre d’affaires y ont été consacrés (contre 8 à 10% habituellement).